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Un flirt platonique

Chez une voisine, à quelques pas de notre demeure avec Aristide, une dame d’Egypte et sa fille venues d’Alexandrie, devaient passer quelques semaines chez cette voisine, la tante. Je ne saurais vous dire comment et dans quelles circonstances j’ai fait la connaissance de ces dames, si bien que spontanément un courant de sympathie me lia à la fraîche et élégante demoiselle chez qui j’ai été souvent invité à prendre le café et avec qui j’ai aussi eu l’occasion de sortir en promenade jusqu’aux hauteurs de Sioufi. Je m’empresse de vous dire que cette idylle de notre élan juvénile ne tarda pas à mourir et prendre fin aussi vite qu’elle fut née. A la déclaration des hostilités de la grande guerre mondiale, mère et fille, affolées par les nouvelles alarmantes, quittèrent sans délai le Liban et rentrèrent en Egypte. Je n’aurais pas rapporté cette insignifiante aventure si une cinquantaine d’années plus tard, à l’époque où nous habitions dans la propriété de Gellad, rue de Lyon, cette même, belle et élégante fille de l’an 1914, à sa rentrée de l’étranger à Alexandrie, via Beyrouth, avec son fils, tint à me trouver et me rencontrer durant son court relais à l’Hôtel Palace. Elle me téléphona à la maison, s’expliqua et m’invita à la visiter avant son envol pour l’Egypte. J’y ai été sans retard ce même après-midi. Elle me reçut à bras ouverts et m’embrassa vivement. J’ai eu du mal à la reconnaître cette élégante, élancée fille de 1914. Epaissie, vieillie, enlaidie, de sa juvénile beauté elle ne gardait que le doux regard de ses beaux yeux. Nous bavardâmes quelques minutes, elle me raconta sa vie, moi la mienne avant de nous séparer.

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