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Castellorizzo

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Petite île grecque des Sporades du sud de la mer Egée. Elle consiste en une unique grosse masse montagneuse, à promontoire accidenté, à proximité de l’Anatolie, près de la Lydie, à une distance d’une trentaine de minutes en rame de la côte. Son plateau est riche en gibier (perdrix). La petite ville de Castellorizzo est située au pied de cette vaste colline montagneuse, en amphithéâtre, dans une baie bien protégée. Autour des rues et ruelles étroites et accidentées, les constructions en un et deux étages s’étendent en gradins. Elles sont pour la plupart pourvues de citernes pour l’approvisionnement de l’eau douce de la pluie. Pas d’électricité en ville.

La population de quelques milliers d’habitants est dans sa totalité grecque, de race et de langue. La plupart des femmes observent la tenue de leurs vieilles coutumes nationales : de larges culottes presque bouffantes descendent jusqu’aux chevilles, les pieds chaussés dans des babouches en couleur, à pointes saillantes, sans talon, la veste, un boléro sur le torse, une large ceinture en tissu de couleur enserre la taille et souvent, quand c’est nécessaire (en visite) un plastron garni de nombreuses rangées de pièces d’or sur le thorax, le chef couvert d’une calotte de couleur assortie, de longues boucles pendantes sur les lobules des oreilles.

Les hommes trafiquent et commercent avec les habitants des îles grecques du Dodécanèse et aussi avec ceux d’en face sur la côte anatolienne. Parmi ces hommes, hélas, une notable présence de grands, véritables pirates. Ils se rendent souvent, en groupe dans la nuit, en face sur la côte turque, raflent et emportent les chèvres des Turcs, ils dépouillent les forêts en coupant les branches et les troncs des arbres qu’ils laissent glisser dans les cours d’eau, coulant vers la côte, à la mer, pour les cueillir à l’embouchure, et disparaître dans le noir de la nuit. Nous avons maintes fois été témoins de ces trafics malhonnêtes. Que de plaintes des autorités turques de la côte au Gouverneur de la base pour ces vols ! Nous avons, grâce à nos recherches, souvent trouvé des nombreuses chèvres, amassées, sur les hauteurs, cachées dans des replis accidentés de la colline.

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L’occupation de l’administration navale française (depuis 1915) de l’île est représentée par : 

- Un gouverneur. Rôle confié au commandant de la base navale.

- Un commissaire de première classe.

- Un enseigne de vaisseau.

- Un médecin-major.

Chacun de ces membres a, à sa disposition pour habitat, un pavillon personnel avec une ordonnance à son service.

La base possède une infirmerie (un petit hôpital) de 20 lits environ bien équipé et confié à la surveillance et l’entretien d’un infirmier-chef, Coudure de nom. La base est pourvue en permanence d’un ou deux petits navires de guerre, dont l’équipage se fait visiter et hospitaliser à l’infirmerie si nécessaire, sur ordre du médecin-major consultant, présent tous les matins à l’infirmerie jusqu’à midi. Un mess, entretenu par les matelots de la base, réunit midi et soir aux repas, les membres ci-haut mentionnés, quelquefois avec les officiers marins de passage dans l’île

Voilà en deux mots ce que représente le bourg de Castellorizzo.

Ici, détails secrets à ne pas divulguer 

 

Le gouverneur Terme, homme trapu, boulot, à figure ovale presque ronde, de 55-60 ans, yeux bleus, ancien résident en Extrême-Orient, fumeur invétéré quotidien de sa pipe d’opium, vice contracté en Indochine, est une personne hautaine, affectée, distante, à l’abord froid, impassible, souvent absent, retiré dans ses appartements pour s’abrutir avec sa drogue. Il traite de haut son entourage, se considérant d’un rang supérieur.

Le commissaire Le Moigne, de Bretagne, démocrate, populaire, expansif. Répugnant, ne tolérant point les habitudes malsaines et le comportement distant, hautain du chef, le gouverneur, il le fuyait souvent.

 

Il n’est plus nécessaire de vous dévoiler, relater le ressentiment, l’animosité sourde de l’un contre l’autre, entre les deux forces de l’administration. Presque jamais de rencontre entre les deux pouvoirs en dehors des repas de midi et du soir où souvent le patron, ‘’trainailleur’’, hagard, arrivait en retard des heures fixées, avec sa canne à la main, les paupières tombantes, à moitié endormi sous l’effet de la drogue absorbée. Fait qui met en rogne le commissaire.

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