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Le décès de mon père

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Le typhus à Diyarbakir en 1915

Mais avant de vous parler de mes études à la Faculté ottomane transférée et fusionnée à la Faculté française délaissée par le départ des Français de Beyrouth, laissez-moi vous parler de la perte de mon père, au printemps de l’année 1915, avant ma fréquentation des études dans cette faculté. C’est donc en cet été de l’an 1915 quelques mois après le début de la première conflagration mondiale que j’ai appris la mort de mon père au printemps. Comment, nonobstant la rareté, l’absence des communications avec l’intérieur, cette triste nouvelle me parvint aux oreilles ? Aujourd’hui encore je ne saurais le dire. Plus tard, maman , en s’étonnant, me disait : « Comment cet homme qui ne cessait d’observer scrupuleusement les règles de l’hygiène a pu être victime de la piqûre du pou, vecteur du virus de la maladie ? » et toujours s’étonnant, me révélait les deux faits suivants :

De tout temps, quand rarement la pastèque figurait comme fruit à table, elle devait être soumise à la désinfection de sa surface par la flamme à l’alcool brûlé avant d’être coupée et servie.

Durant l’invasion de l’épidémie de typhus, le papa, rentré le soir à la maison, ne gagnait pas l’étage avant de se débarrasser de ses principaux habits, de les brosser, secouer ensuite, et de les suspendre en bas dans le vestibule. Evidemment il y avait le contact avec la clientèle de tout rang !

Mon père s’est éteint à l’âge de 51 ans, quand ma mère en avait 41 ou 42.

 

De cette maladie j’ai connu quelque chose à Beyrouth aussi car l’épidémie répandue dans tout l’Orient, Beyrouth avait payé son tribut. Durant ma scolarité à la Faculté ottomane, j’ai donné mes soins à des nombreux malades en traitement par l’un et l’autre des deux docteurs de l’époque, le docteur Medawar, père de Monsieur Antoine Medawar, le docteur Jebara, père du docteur Jebara, gastro-entérologue. C’est ainsi que je me rendais compte que le mal terrassait sa victime en général avant le huitième jour de son évolution en portant ses méfaits sur le cœur du malade par ses redoutables toxines. Passé cette période, on pouvait se tirer d’affaire.

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