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Reprise des études

Dès la reprise des études à la Faculté, Aristide et moi, décidâmes de changer de demeure. C’est ainsi qu’au coin du carrefour  rue du Liban–résidence Jacques Tabet , sur une vaste terrasse d’un bâtiment des Marolli où il y avait trois chambres dont deux libres à louer, nous occupâmes, chacun de nous, une chambre, la troisième étant déjà de longue date habitée par Erémia le bijoutier. C’est dans cette chambre sur la terrasse que plus tard j’ai reçu des jeunes candidats pour leur enseigner les sciences d’une part et la langue turque d’autre part. C’est ainsi que j’ai eu comme élèves  les deux frères Ludwig et Alex Manasterski chez eux, en face d’Arlequin d’aujourd’hui, le vieux Monsieur Lorella, pour le turc, sur la ligne du tram, rue Georges Picot, Monsieur Michel Melhamé, devenu avocat, Monsieur Jean Jalk, devenu aussi avocat, Monsieur Adaimi de Damas, Monsieur Béchara, Monsieur Shikaridis, Monsieur Saad, etc…

Parallèlement, j’ai été engagé, durant une période, par le Père Jataoui, pour enseigner les sciences (physique, chimie) dans son école particulière sise rue Najjarine. Religieux très intelligent, corpulent, immense de taille, plein d’initiative, il habitait dans sa demeure juste en face de son école, seul, avec une cuisinière à son service. Il avait beaucoup de considération pour moi (due à l’enthousiasme de mes élèves à suivre mes cours) si bien qu’il m’invitait quelquefois à déjeuner chez lui. A cette époque, les rémunérations, en monnaie turque dépréciée, n’avaient pas beaucoup d’importance. J’arrivais à suffire à mes besoins durant la difficile période des hostilités.

 

Au début de l’année 1916, mon frère Ferdinand, déterminé à échapper aux risques d’un enrôlement à l’armée turque, pendant l’interminable guerre mondiale, parvint à fuir Diyarbakir. Déguisé en muletier, il put s’incorporer aux conducteurs de la caravane Diyarbakir–Alep. Parvenu dans cette dernière ville, il ne tarda pas à venir me rejoindre à Beyrouth. Pas longtemps après son arrivée chez moi, il fut saisi à la place des Canons par la brigade de recrutement de l’armée et expédié à Damas où grâce à sa pratique pharmaceutique (chez papa) et ses connaissances de la langue turque et française, il été de suite engagé par les Allemands dans leur centre à Damas. Plus tard, désigné aide pharmacien, il a passé à l’hôpital militaire de Zahlé où il demeura jusqu’à la fin des hostilités. Ici, laissez-moi vous citer un incident pénible qui me survint à la suite d’un court séjour que j’ai effectué à Zahlé chez mon frère. Accédant aux appels répétés de Ferdinand, je me suis rendu à Zahlé un samedi matin pour y passer mon week-end et rentrer à Beyrouth le lendemain, dimanche, dans l’après-midi. J’ai passé la nuit à l’hôpital même dans le lit d’une chambre que Ferdinand m’avait fait réserver non loin de la sienne. ’’Gagné‘’ Beyrouth, dès le surlendemain, j’ai été en proie à d’atroces prurits durant toutes les nuits, dus à l’infestation du parasite « accarius » de la gale, contractée à Zahlé, dans le lit où avait dû passer un officier infesté du parasite. J’en ai souffert énormément quelque temps avant d’avoir recours à mon professeur de dermatologie à la Faculté ottomane. Il m’a soigné énergiquement et guéri rapidement

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